Liaison-Action N°141
Ce nest pas en traitant mal les fonctionnaires
que le gouvernement résoudra le problème de
lemploi.
Lionel Jospin
et Michel Sapin viennent, en quelques jours, de sen prendre deux fois aux
fonctionnaires. Dans notre souvenir, cétait Alain Juppé qui avait parlé de nous
sous le terme de « mauvaise graisse ».
Mais voilà
que le Premier ministre, puis celui chargé de la Fonction Publique présentent les
fonctionnaires comme une charge pour la France. Ainsi, les personnels de Santé, les
enseignants, les agents de léquipement, et pour ce qui nous concerne, les
personnels chargés de mettre en oeuvre le programme statistique dintérêt
général seraient des poids qui nuiraient à la capacité daction de lEtat.
Selon eux, les
aides aux agriculteurs en difficulté seraient contradictoires avec lamélioration
de la situation des fonctionnaires !
On croirait
entendre les actionnaires de Danone ou de Marks & Spencer expliquant que les salaires
nuisent à la compétitivité de lentreprise et à sa rentabilité !
Le
gouvernement nie totalement la valeur du travail humain. Cest pourtant celui-ci qui
crée la richesse, quel que soit son statut. Ce travail collectif a créé la prospérité
économique actuelle. Quoi détonnant à ce que salariés du public ou du privé
réclament leur part de la valeur ajoutée ? Que les licenciés de Moulinex ou de Philips
refusent quune société riche jette à la rue, comme des kleenex, des femmes et des
hommes qui ont fait leur prospérité ?
Nous
naccepterons pas de ce gouvernement, comme daucun autre, quil traite les
fonctionnaires
comme les boucs émissaires de son incapacité à faire face à une conjoncture
économique différente.
Cest
pourquoi, nous serons nombreux à manifester pour les 35 heures le 7 juin avec les
finances, et
le 9 juin avec lensemble des salariés pour la garantie de lemploi et les
droits sociaux, contre les licenciements.
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L « action
régionale » vue dAmiens
Cela faisait six ans
quil nétait pas venu à Amiens ! Cest dire que la visite du directeur
général de lINSEE, était lévénement de ce début de siècle pour la DR de
PICARDIE.
Pour la direction locale,
ce nétait quune visite technique avec un thème central, lAction
régionale. Pour illustrer cette idée, trois sujets de discussion avaient été retenus
pour la journée : une enquête dinitiative régionale de PICARDIE (reprise dans
dautres régions et au niveau national), un sujet détude commun à plusieurs
régions, le Bassin parisien, et un thème à la mode, la diffusion par Internet. Enfin,
pour étoffer lauditoire limité aux cadres de PICARDIE, on avait fait appel à des
cadres dautres directions régionales ou de la direction leur savoir ou leur responsabilité dans les
domaines évoqués au cours de la journée.
Tout avait été
soigneusement préparé, répété. La visioconférence, jamais utilisée à Amiens pour
le travail, avait fonctionné souvent pendant les quinze jours précédents la visite ! Et
les trois voitures de service avaient été réservées pour aller chercher tous ces
invités à leur arrivée à la gare, distante de bien
500 mètres de la DR ! Bref,
ce vendredi 30 mars 2001, tout était prêt pour accueillir comme il se doit un Directeur
général dassurer le succès de cette journée.
Sauf que lordre du
jour de cette visite excluait totalement les sujets intéressant le personnel. Il
nétait pas question du départ du fichier SIRENE dAmiens, de larrivée
de travaux pouvant compenser ce départ, de la suppression du pôle de compétence du CNGP
(Centre National de Gestion des Publications) dAmiens, de la réforme « OCRE ».
Aussi, le personnel a
décidé de profiter de loccasion pour se faire entendre afin que ses
préoccupations soient bien lun des sujets majeurs de cette visite. Le Directeur
général voulait parler « Action régionale ». Eh bien, il allait avoir de
laction régionale ! Cette action a pris différentes formes.
Dabord, il y a eu un
important rassemblement du personnel pour accueillir le Directeur général : une
cinquantaine de personnes était là (sur un effectif total de 90 personnes), bien
quayant dû lattendre une bonne heure en raison de la grève de la SNCF.
Banderoles et pancartes étaient là pour rappeler les revendications : « REDUCTION DU
TEMPS DE TRAVAIL : OUI, REDUCTION DU TRAVAIL : NON », « DE NOUVEAUX TRAVAUX POUR
DEVELOPPER LINSEE PICARDIE », « MANTIEN DE LACCUEIL DU PUBLIC, MAINTIEN DU
SERVICE PUBLIC », « Mr Champsaur, LES « SIRENE » VOUS ALERTENT, ECOUTEZ-LES ! ».
Ensuite, la participation
à la grève, à lappel de la CGT, a été bien suivie (60% du personnel), avec des
services entiers fermés : le bureau dinformation, laccueil de la DR, le CNGP,
linformatique, la régie, etc. Elle a bénéficié dun large soutien financier
des personnes non grévistes.
Enfin, quatre personnes,
bien quen grève, sont restées jusquà 17 heures 15 pour participer à la
rencontre de « dialogue social » avec le directeur général. Bref, dune manière
ou dune autre, une large majorité du personnel a participé, chacun à sa manière,
au succès de cette journée. Avec un impact certain ! Ainsi, dès son arrivée, M.
Champsaur a pris le temps de sexprimer un long moment devant le personnel
rassemblé, malgré le retard qui bousculait lorganisation de sa journée. A cette
occasion, il a déclaré que SIRENE quitterait Amiens avant la fin de lannée 2001,
avec compensation par de nouveaux travaux :
réseaux enquêtes Entreprises et enquêtes Ménages, renforcement des travaux sur
lemploi, etc.
Jusqualors, on se
contentait, depuis deux ans, dévoquer cet échange de travaux sans autre précision
de calendrier, créant une démobilisation des personnels et un blocage de la mobilité
interne à la DR.
De plus, lors de la
réunion de « dialogue social », il a dit que la Direction examinerait avec un préjugé
positif les demandes de nouveaux travaux et de pôles de compétence que pourrait formuler
Amiens. Cest dailleurs un des enseignements de cette visite : il dit
clairement que cest à la direction de la DR de lui faire des propositions pour
développer les travaux de la DR.
En revanche, le Directeur
général a refusé de revenir sur la décision de suppression du CNGP dAmiens,
renvoyant sur la DG et la DR la responsabilité de définir les nouveaux postes compensant
cette disparition du CNGP. Il a aussi rejeté la remarque faite sur lintérêt et la
qualification plus faibles que pourraient présenter ces futurs postes par rapport à ceux
existant aujourdhui au CNGP.
Enfin, le Directeur
général sest voulu rassurant sur la réforme OCRE et ses conséquences. Ainsi, il
a affirmé que les évolutions en cours étaient certes génératrices dinquiétudes
mais positives et que rien nétait figé puisquune deuxième phase de
réflexion était engagée.
Des réactions qui
montrent que, si les préoccupations des personnels nont pas eu toutes les réponses
attendues, cette mobilisation a contribué à mieux faire prendre en compte par la
Direction de lInsee ce point de vue. Cest aussi cela lintérêt de faire
de l « action régionale » !
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Tracasseries administratives
Les crédits affectés aux
déplacements auraient-ils été diminués de façon drastique ? Depuis quelques mois à
Nancy, la direction limite les déplacements et augmente les contraintes (interdiction des
départs la veille, limitation de déplacements à une seule personne de la division
).
Avant lannée 2000,
date dentrée en fonction de la nouvelle chef de SAR, il ny avait pas de
problème pour assurer les déplacements. Depuis, on ne cesse de nous dire quil
ny aura pas assez dargent pour boucler le budget. En 2000, la DR aurait
dépassé de 200 000 F le budget de 500 000 F prévu. Cette année, au mois de mars, on
aurait largement dépassé le budget prévu pour ce mois. (Nallez pas croire que la
direction a bêtement divisé par 12 le budget annuel pour avoir un budget mensuel, non,
il sagit dune série CVS
obtenue en divisant par 10 le budget
annuel !)
Alors il faut se serrer la
ceinture. Le compte-rendu du comité de direction du 23 avril en appelle à une
responsabilité collective au sein de la DR et parle de plus grande
transparence possible pour les agents, celui du 15 janvier parlait de mesures
de régularisation (
) en concertation avec les agents.
De qui se moque-t-on ?
Les restrictions sont
décidées unilatéralement, les cas tranchés de façon arbitraire par la chef de SAR ou
le directeur : 3 personnes de la même équipe doivent participer à une même réunion à
Paris ? Cest trop, 2 seulement iront (les 2 cadres A), lagent de catégorie B
nira pas (la direction se targue ensuite dans ses compte-rendu de procéder de
façon équitable !). Ce genre de décision est prise sans aucune concertation
ni avec lagent qui
se voit refuser son déplacement, ni même avec le chef de sa division. Deux agents
avaient demandé une formation à Montpellier. La chef de SAR a aussitôt refusé,
laissant entendre quils voulaient aller sy faire bronzer. Et les exemples se
multiplient
Il nest évidemment
jamais question des conséquences de ces refus sur les travaux. Les conséquences de cette
politique désastreuse commencent à se faire sentir : certains agents ont annulé leur
participation à des formations, soit parce quon leur interdisait de partir la
veille, soit parce que le collègue qui devait y aller avec eux se voyait refuser le
déplacement.
Comme chez Marks and
Spencer, notre direction aura-t-elle droit à une belle prime pour avoir cassé et
démotivé les agents de la DR de Lorraine ?
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OCRE
ou Organisation Cohérente pour la Réduction des Effectifs des SED
Après avoir organisé un semblant de consultation en 2000 pour
une meilleure organisation des études et de la diffusion en région, la Direction voulait
mettre en place ce dispositif dOffre Cohérente pour les Régions dès
septembre 2000. Tout cela, évidemment sans concertation avec les représentants du
personnel. Les organisations syndicales ont demandé la tenue dun comité technique
paritaire. Cependant sans attendre cette consultation, la direction a commencé à
organiser les mutations de cadres A en fonction des objectifs dOCRE. Nous avons donc
refusé de sièger dans ces conditions de fait accompli. Onvoit donc que la
Direction entend imposer unilatéralement ses objectifs.
OCRE cest quoi ?
A lorigine on aurait pu croire à une idée généreuse :
offrir des prestations destinées à mieux répondre aux usagers du Service public de
linformation statistique et organiser une mutualisation des investissements dans le
domaine des études régionales.
En fait, la cohérence peut se traduire par : je ne veux
voir quune seule tête bien pensante. : lun des objectifs dOCRE
est de trier les publics dun coté les institutionnels et les entreprises, de
lautre les particuliers et les étudiants. Cela va permettre de réduire les
demandes arrivant en DR.
Certains directeurs régionaux annoncent déjà aux personnels des
bureaux dinformations que la réponse téléphonique sera abandonnée. Dans cette
perspective, on ne mutualise pas les expériences, on les transfère, on les concentre et
on les réduit.
Ensuite le tout internet, que semblent priser nos dirigeants, va
lencontre de la demande du public dun service individualisé pouvant
sappuyer sur un conseil de proximité. Pour nous, linternet nest
quun moyen de plus pour la diffusion de linformation statistique.
Lécrit, les visites, le téléphone ne sont pas à supprimer.
LINSEE doit recevoir tous les publics dans toutes les DR,
cest notre rôle de service public de linformation statistique. De plus, la
tarification actuelle décourage les demandes des publics, sauf peut-être les plus
fortunés. En effet, une page photocopiée vaut 52,5 francs. Dans quelle tête de nos
technocrates de la direction de la diffusion a germé ce tarif prohibitif ?
Lobjectif de mutualisation, les investissements pour les
études régionales, ne cache-t-il pas en réalité une homogénéisation des études ? En
effet seuls quelques grands domaines intéressant des publics à fort concernement
collectif seront étudiés, sans rapport avec les particularités régionales.
En effet, en créant les PSAR (Pôle de Service de lAction
Régionale) ou PS (Pôle de Service), dénomination non encore choisie, lINSEE va
concentrer la production des fichiers détude, et leur utilisation pour les études
mutalisées dans certaines directions régionales. Celles-ci seraient ainsi
spécialisées sur des thèmes précis les éloignant par là-même des préoccupations
locales. Quant aux directions non-PSAR elles devront utiliser des kits détude,
affaiblissant ainsi le rôle des chargés détude dans ces directions. Jusquà
leur totale disparition ?
En conclusion si lon relie la volonté actuelle de la
direction de centraliser la réponse à la demande pour une majorité de nos publics et de
développer un système détudes uniformisées : cest la capacité de
lInsee à répondre réellement à la demande régionale qui est mise en cause, à
lopposé des objectifs affichés dOCRE. Cest aussi limage même de
lINSEE que lon attaque. Le risque à terme cest que lInstitut soit
perçu comme un organisme dEtat au service de quelques privilégiés, déconnecté
de la demande dinformation réelle, et notamment pour les études locales ou
sociales.
Défendons et développons un service public de linformation
statistique, au service de tous. Que les technocrates de la pensée unique de la direction
de la diffusion ne regarde pas simplement le tiroir caisse.
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