Décès d'Alain Desrosières

 

Alain Desrosières était un personnage atypique à l’Insee. Personnage, car si l’Institut ne l’a jamais reconnu à juste valeur, ses travaux ont irrigué et fécondé nombre d’études et recherches en France et à l’étranger dans les champs de l’histoire et la sociologie de la statistique.

Atypique, car il n’y a malheureusement pas d’équivalent de cet homme, érudit, généreux, altruiste, qui a étudié avec ferveur et passion cet obscur objet qu’est la statistique. Et surtout, il a eu tout au long de sa vie, cette volonté de diffuser son savoir, de créer des réseaux improbables, de faire se rencontrer des personnes, des théories, des mondes qui s’ignorent tout cela dans une bonne humeur contagieuse.

Toutes les personnes qui l’ont connu savent à quel point il aimait tisser des liens, s’échapper des contingences locales pour aller voir ailleurs ce qui s’y faisait. Il était un « mailleur », tricoteur de maille, aiguillon de la Statistique publique.

Ses liens avec la CGT Insee étaient doubles : amicaux et intellectuels.

Amicaux, car toutes ses relations finissaient par devenir amicales tant il était gentil, attachant, captivant, passionnant. Intellectuels, car il intervenait régulièrement aux colloques intersyndicaux de l’Insee, du premier en 1996 au dernier en 2011. Ses interventions étaient toujours éclairantes sur notre travail, nos contradictions, un regard réflexif rare et précieux. Et quand il n’intervenait pas, il parrainait le colloque. Depuis le 15 février 2013, nous avons perdu notre parrain, le « mailleur » d’entre tous.

Nul doute que toutes les mailles que tu as tricotées continueront de nous éclairer.

 

 

Liens avec les interventions d'Alain Desrosières aux colloques intersyndicaux

Au colloque de 1996 : L’information économique et sociale aujourd’hui

Au colloque de 1998 : Statistique sans conscience n’est que ruine…

Au colloque de 2011 : La statistique publique, un bien public original