Communiqué
de presse des syndicats nationaux CGT et CFDT de l’INSEE (le
8mars 2002)
à
propos de l’article d’Économie et Statistique
sur l’évaluation en matière de créations d’emploi des
baisses de charges sur les salaires
Sous la signature de Messieurs
Bruno Crépon et Rozenn Desplatz,
la revue de l'INSEE « Économie et Statistique » publie un
article évaluant l’effet des baisses de charges décidées en
1995-1996 à 460 000 emplois créés entre 1994 et 1997.
Rappelons que le rapport du Conseil d’Analyse Économique de
Monsieur Pisani-Ferry évaluait les créations dues aux allègements
de charges, cumulées entre 1997 et 1999 , à 106 000 et que
le Professeur Malinvaud avançait l'hypothèse d'une surévaluation
de ce dernier chiffre dans son commentaire à ce rapport. On note
d’ailleurs que contrairement à la dernière phrase du chapeau
de l’article d’Économie et Statistique qui indique que
« les évaluations sur données d’entreprises sont proches
des évaluations macroéconomiques habituelles », les
auteurs citent justement quelques résultats montrant que leur évaluation
est nettement supérieure aux évaluations macroéconomiques.
La
décision du Directeur Général de l'Institut National de la
Statistique et des Études Économiques d'autoriser la publication
de cette étude en période électorale dans la revue phare de
l'INSEE, sans présenter d’autres études sur la même question,
et malgré les deux commentaires qui y ont été joints (l’un
d’eux considère d’ailleurs que le résultat obtenu est deux
fois plus fort que celui résultant de la prise en compte de
l’ensemble des effets macroéconomiques), pose problème. Elle atteint
la réputation qu’a l’Institut de contribuer à éclairer le débat
public à partir d'études rendant compte de l'ensemble de
l'information statistique disponible et autant que possible de la
diversité des hypothèses formulées par les acteurs politiques
et sociaux.
«Économie
et Statistique» pouvait disposer, dans les délais de sortie de
ce numéro, d'études présentant d'autres résultats sur l'effet
des diverses mesures prises pour favoriser l’emploi depuis le début
des années 1990. Il aurait été normal que la revue de l’INSEE
s’efforce d’apporter en période électorale des éléments
complets sur un sujet essentiel comme l’emploi permettant un débat
sur les bilans des politiques publiques, mais la
direction de l’INSEE a jusqu’à présent fait le choix de ne
pas retenir dans son champ d’études (ou plutôt : dans ses
publications) la question des effets sur l’emploi de la réduction
du temps de travail. Son approche partielle est d’autant
plus regrettable que les discussions seront virulentes sur les mérites
respectifs des lois de droite et de gauche sur les 35 heures et
les diminutions des charges sociales.
Le
choix du Directeur de l'INSEE est étonnant car une note interne
du 9 janvier dernier, à destination des responsables de
l’Insee, indiquait :
«
L’INSEE doit veiller,
pendant toute campagne électorale, à ce que ses interventions,
qu'il s'agisse de communication écrite ou orale, respectent
strictement une neutralité complète vis-à-vis des différents
candidats. Dans ce souci les sorties de publications devront être
examinées par vous avec
un soin tout particulier pendant la période allant de début mars
à mi-juin 2002. Il vous appartient de vérifier que ces
publications ne risquent pas de donner prise à des déformations
partisanes ».
Les
données statistiques disponibles et les hypothèses à tester ne
justifient en aucune façon que le Directeur Général de l'INSEE
positionne l’Institut de façon partielle et donc partiale. La déontologie
professionnelle portées par les statisticiens-économistes du
Système Statistique Public n'est nullement en cause, car les
travaux de Bruno Crépon et Rozenn Desplatz, comme de tous les
collègues, répondent aux critères de sérieux et de
professionnalisme en vigueur. Avec d’autres hypothèses, des
travaux de même valeur apportent d’autres éléments au débat.
Ce qui est en cause, c'est l'absence de présentation pluraliste des travaux pour éclairer le débat
public. Ce choix, qui devient partisan dans les faits, est
celui du Directeur Général de l’INSEE..
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